Les effets des interruptions numériques sur notre santé mentale
23 octobre 2024Les interruptions numériques, omniprésentes dans notre quotidien, représentent un enjeu important tant sur le plan professionnel que personnel. Ces interruptions, causées par des notifications, e-mails ou appels impromptus, perturbent notre système cognitif, augmentent le stress, et ralentissent notre capacité à revenir à la tâche en cours.
Quelles conséquences ?
Les résultats d’études récentes montrent que lorsque les tâches périphériques interrompent l’exécution des tâches principales, les utilisateurs mettent entre 3 % et 27 % de temps supplémentaire pour accomplir les tâches, commettent deux fois plus d’erreurs, ressentent une irritation augmentée de 31 % à 106 %, et voient leur anxiété doubler par rapport à la présentation de ces mêmes tâches périphériques aux frontières entre les tâches principales. Ces effets augmentent le sentiment de frustration et la fatigue mentale, contribuant potentiellement à des risques psychosociaux comme le burn-out.
En pratique
Le phénomène repose sur le fonctionnement prédictif du cerveau humain, qui cherche constamment à anticiper les événements. Lorsque cette anticipation est brisée par une interruption imprévue, notre cerveau doit mobiliser des ressources supplémentaires pour s’adapter à la nouvelle situation, ce qui alourdit la charge cognitive. Les interruptions, en particulier numériques, réduisent la « fluence de traitement », c’est-à-dire la facilité avec laquelle nous traitons l’information, et provoquent des ruptures dans la continuité de l’attention.
Les effets des interruptions ne se limitent pas à une baisse de la performance immédiate. Elles affectent également la disposition des individus à poursuivre d’autres tâches après l’interruption, créant un impact résiduel sur leur productivité globale. Paradoxalement, certaines études montrent que les personnes peuvent compenser les interruptions en améliorant leur vitesse d’exécution, mais cela se fait au prix de coûts psychologiques plus élevés, tels que l’augmentation de l’effort et du stress.
Quelles solutions ?
Des stratégies visant à atténuer les effets des interruptions numériques, comme la désactivation temporaire des notifications ou la création d’espaces sans technologie, sont essentielles pour préserver notre capacité de concentration et réduire les effets négatifs sur le bien-être mental.
En conclusion, dans un monde de plus en plus connecté, il devient crucial de trouver un équilibre entre l’usage des technologies et la gestion des interruptions afin de préserver à la fois la performance et la santé mentale des individus.
Références
Relative fluency (unfelt vs felt) in active inference (2023) D. Brouillet and K. Friston
When the sense of fluency triggers an attentional bias (2022) S. Turo, F. Collin, and D. Brouillet