Qualite de Vie au Travail

Développer la prévention des risques

22 février 2023

Lors de son intervention du 2 décembre dernier aux Assises du Travail, Florence Bénichoux prenait la parole pour parler prévention. En effet, la France connait deux fois plus d’accidents du travail mortels qu’en Allemagne, tout en ayant trois fois moins d’industrie. Ce constat se base sur les statistiques d’Eurostat (*) : en 2019, nous avons eu en France 803 accidents mortels du travail, alors que l’Allemagne en avait 416.

Comment l’expliquer ?

L’explication réside notamment sur une différence d’approche culturelle. Les Allemands sont beaucoup plus respectueux des règles que nous, Français. Qui n’a jamais observé, dans la rue, des travaux menés sans précaution ? En Allemagne, il y a toujours un périmètre de sécurité bien délimité pour les travaux dans la rue, les ouvriers portent tous leurs gants et leur casque, etc. Pour simplifier, disons qu’en Allemagne, on est dans l’organisation du travail alors qu’en France, et on l’a bien vu au moment de la crise sanitaire, on reste dans la logique du héros. Avec tous les inconvénients : les infirmières et les médecins se sont comportés en héros face à la pandémie, et maintenant ils sont épuisés.

Cela s’explique également par le fait que la prévention est toujours le parent pauvre en France. Tout notre système est structuré pour faire de la réparation, du traitement, de la thérapeutique. C’est un problème culturel qu’il va nous falloir traiter à la source. En France, grâce à la Sécurité Sociale, les soins sont gratuits quand vous êtes malade, mais tout se passe comme si cela nous exonérait de faire des efforts pour prévenir ces maladies. Dans les pays anglo-saxons où la santé coûte cher, les personnes individuelles mais aussi les entreprises ont intérêt à mettre en place de la prévention.

Peut-on modifier cette culture de non-prévention ?

Nous en sommes persuadés ! Qu’observons-nous en ce moment ? En 2022, l’absentéisme explose, chez les jeunes, les managers et les personnes seules. Les dépressions passent aujourd’hui devant les TMS, les troubles musculo-squelettiques, comme cause de l’absentéisme.

Et pourtant, quand nous expliquons aux salariés français les règles de prévention au travail et leur intérêt, c’est-à-dire quand on ne se contente pas d’injonctions sur le port d’équipements de sécurité par exemple, leur comportement change. Par exemple, au moment du retour au présentiel après la crise sanitaire, nous avons conseillé aux entreprises de faire des retours d’expérience, en négatif comme en positif, sur cette période forcée de télétravail : que veut-on en garder, que faut-il changer ? Ces retours d’expérience ont été formidables : les gens ont reparlé du travail, on les a écoutés et c’était très important car les personnes ont vécu le télétravail de façon très différente, du rêve au cauchemar parfois. Ce dialogue a permis de réintégrer les salariés.

Il y a de nombreux autres moyens de développer de la prévention : mettre des moyens financiers, former les représentants des salariés, impliquer les entreprises, simplifier le nombre et le fonctionnement des organismes de prévention, …

Pour conclure

Le ministre du travail attend que les groupes de travail qui se sont tenus lors de ces assises lui fassent des propositions fin février sur trois thèmes : les rapports au travail, la santé et la qualité de vie au travail et la démocratie au travail.

Texte extrait de l’interview Actuel-RH réalisée par Bernard Domergue – disponible dans son intégralité sur www.actuel-rh.fr

(*) Selon Eurostat, la France enregistre un taux d’incidence des accidents de travail mortels de 3,53 pour 100 000 travailleurs, contre une moyenne de 1,7 accident de travail mortel pour 100 000 travailleurs pour l’Union européenne.

 

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